3ème anniversaire de l’AHJEDD: atelier de réflexion autour du Plan national de Relance Économique Post-Covid, PREPOC organisé par le comité exécutif de l’association.

Ce 18 janvier ramène le troisième anniversaire de création de l’Association Haïtienne des Journalistes Economiques pour le Développement Durable, AHJEDD. Pour marquer cette date, les membres du Comité Exécutif de l’Association ont jugé bon d’organiser un atelier de réflexion autour du Plan national de Relance Economique Post-Covid, PREPOC, lancé le 11 janvier dernier par le gouvernement.

Cet atelier de réflexion organisé à l’occasion du troisième anniversaire de création de l’Association Haïtienne des Journalistes Economiques pour le Développement Durable, AHJEDD, vise à présenter au grand public une analyse approfondie du document. L’un des principaux intervenants, l’économiste Enomy Germain a fait ressortir les points forts et les failles du Plan. Concernant les premiers, ils sont au nombre de cinq, dénote l’analyste économique. Il s’agit :

-1) L’initiative du gouvernement de lancer le PREPOC est un bon point, félicite Enomy Germain.

-2) Bonne définition des objectifs économiques du PREPOC à savoir une prévision de croissance en moyenne de l’ordre de 3% sur les trois prochaines années, une baisse sensible et graduelle de l’inflation à 10% à la fin de 2023, la création de plus de 50 mille emplois décents, une diminution de l’inflation jusqu’à 13% et la réduction du niveau d'insécurité alimentaire dans le pays, entre autres.

-3) Les objectifs du PREPOC 2020-2023 respectent les différents critères pour parler de Politique Economique notamment l’amélioration des conditions de vie de la population à travers la croissance, la stabilisation des prix et la création d’emplois.

-4) Le PREPOC respecte certains points de plusieurs documents stratégiques préalablement élaborés en Haïti dont le PSDH et le Plan National de Promotion et de Protection Sociale tout en tirant certaines leçons des erreurs du passé. -5) Le document prévoit des dispositifs de suivi et d’évaluation.

Si Enomy Germain salue les points forts du document, il émet, toutefois, certaines réserves, voire de sérieux doutes quant au niveau de réalisme du PREPOC. Il pointe particulièrement du doigt la prévision de croissance moyenne de 3% qui ne correspond pas à la réalité actuelle de l’économie. Le professeur à l’UEH indexe également les prévisions d’environ 10% du taux d’inflation prévu dans le document qui, explique-t-il, est irréalisable considérant, entre autres, la corrélation qui existe entre le problème lié au taux de change et l’inflation. Enomy Germain critique aussi le pilier 2 du PREPOC qui concerne la diversification et la transformation structurelle de l’économie estimant qu’il est surréaliste d’arriver à une transformation structurelle d’une économie en seulement trois ans, tenant compte particulièrement de la réalité économique du pays. L’économiste Germain émet également de sérieux doutes concernant la capacité de financement du PREPOC 2020-2023 dont le budget s’élève à 347.9 milliards de gourdes pour un besoin de financement de 157.9 milliards de gourdes dont plus de 88% dépendront de la communauté internationale.

Son confrère Richard Sérent avec qui il a partagé le panel a, lui aussi, salué l’élaboration suivi du lancement du PREPOC 2020-2023. L’économiste Sérent dit avoir identifié 4 risques majeurs auxquels le Plan sera confronté dans le cadre de sa mise en œuvre dont le premier est le risque socio-politique qui constitue l’un des handicaps majeurs à la croissance économique haïtienne sur les trente dernières années. Ce facteur comporte, entre autres, les instabilités sociale et politique et l’insécurité, précise le chroniquer économique de Vision 2000. Le second est le risque financier qui concerne la capacité du pays à mobiliser les ressources nécessaires pour financer l’action gouvernementale dans le cadre du PREPOC.

Le risque institutionnel qui concerne la faiblesse des institutions étatiques constitue le troisième handicap majeur pour l’implémentation du PREPOC alors que le quatrième est le risque sanitaire qui est en rapport avec la pandémie de COVID-19. En effet, les conséquences du Coronavirus risquent d’impacter négativement la mise en œuvre du Plan de Relance Economique. Fort de tout ce qui précède, le professeur à l’Université recommande, entre autres, beaucoup plus d’efforts de la part des autorités afin que le pays puisse renouer avec la croissance économique. Il préconise aussi la continuité du Plan au-delà de 2023 en vue de consolider les acquis qui seront obtenus dans le cadre du PREPOC.

Le Directeur Général du Budget, Jean Michel Silin, était, lui aussi, à l’honneur lors de cet atelier d’analyse et de réflexion autour du PREPOC à l’occasion du troisième anniversaire de l’AHJEDD. Il devait présenter les grandes lignes du PREPOC. Il faut dire que cette activité s’est déroulée en présence notamment de plusieurs membres de l’Association, de plusieurs cadres du Ministère de l’Economie et des Finances et des responsables d’organisations de la société civile comme le professeur Rosny Desroches et Francisco Jovin, respectivement Directeur Exécutif et Coordonnateur général de l’Observatoire de la Société Civile sur les Finances Publiques.

Le Coordonnateur Général de l’AHJEDD, Hansy Mars, s’est réjoui du bon déroulement de l’atelier tout en se décernant un satisfecit dans le cadre des réalisations de l’Association du haut de ses 3 ans d’existence. Le journaliste de la Télévision Nationale d’Haïti en a profité pour exprimer la détermination de l’organisation qu’il dirige à poursuivre leurs efforts en vue d’intensifier le débat autour des sujets économiques afin de contribuer à l’éduction financière de la population.

Source : https://www.gazettehaiti.com/node/2472