[ le 1 mai 2025 ].-
Les programmes de référence sont des accords informels conclus par les services du FMI avec les autorités nationales aux fins d’assurer le suivi de leur politique économique. Ils ne requièrent pas l’approbation du conseil d’administration du FMI. Les rapports des services du FMI au titre des programmes de référence sont transmis au conseil d’administration pour information.
- La direction du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la première revue du Programme de référence en faveur d’Haïti.
- Le programme de référence (SMP) prend en compte la fragilité et les contraintes de capacité d'Haïti, liées à la situation sécuritaire. Il vise à soutenir les objectifs de politique économique des autorités et à établir un historique en matière de mise en œuvre des réformes.
- La direction du FMI se félicite pour la publication par les autorités du rapport de diagnostic de la gouvernance
Washington, DC : La direction du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 15 avril 2025 la première revue du Programme de référence d'Haïti (PRM). Les PRM sont des accords entre les autorités du pays et le FMI visant la mise en œuvre du programme économique des autorités et à établir un historique en matière de politiques et de réformes pouvant faciliter l’accès à une assistance financière du Fonds au titre de la Tranche supérieure de crédit.
Haïti est confronté à une crise multidimensionnelle dont les perspectives sont difficiles et très incertaines. Le pays subit l’impact de chocs externes et internes, lesquels ont aggravé sa fragilité depuis la négociation du SMP. Les risques pesant sur les perspectives sont orientés à la baisse et incluent une détérioration de la situation sécuritaire susceptible d’entraver la relance économique et de compromettre la capacité à mettre en œuvre des réformes et à attirer l'aide et les investissements directs étrangers. Le choc d'offre causé par la crise sécuritaire continuera de freiner la croissance et d'alimenter l'inflation, sauf si les conditions sécuritaires s'améliorent. Le rétablissement de la sécurité demeure, à ce titre, une priorité.
Malgré la transition politique et l'insécurité, le Ministère de l’Économie et des Finances et la Banque de la République d’Haïti (Banque Centrale) sont restés continuellement engagés auprès du FMI. Ils ont constamment œuvré à l’adoption des mesures réalisables pour limiter les déséquilibres macroéconomiques et ont pu démontrer leur pleine appropriation et leur soutien au programme de référence à travers le Comité du Suivi de haut niveau qui rencontre régulièrement les services du FMI.
La mise en œuvre du SMP a été globalement satisfaisante et ses objectifs restent réalisables. Tous les objectifs quantitatifs ont été atteints, avec une marge confortable. Sur les sept repères structurels évalués dans le cadre de cette revue, six ont été mis en œuvre et un devrait l'être d'ici juin (en raison des contraintes liées à l'insécurité).
Le SMP constitue un point d'ancrage important pour témoigner de la détermination des autorités à poursuivre leurs progrès vers la stabilisation macroéconomique et le renforcement de la gouvernance, et à pérenniser les gains macroéconomiques accumulés ces dernières années, malgré les nombreux obstacles.
Une priorité urgente du gouvernement est de relancer la mobilisation des recettes afin de répondre aux besoins considérables de développement du pays et de stimuler des dépenses bien ciblées. Les mesures prévues dans le programme SMP devraient contribuer à atteindre ces objectifs. Le renforcement continu du système de protection sociale est essentiel pour amortir l'impact des chocs sur la population et réduire la pauvreté généralisée. Les dépenses réalisées à partir des ressources du guichet de choc alimentaire devraient être auditées conformément aux engagements pris dans le cadre du programme de référence.
L'engagement des autorités budgétaires et monétaires à maintenir le financement monétaire du déficit à zéro est louable et doit se poursuivre. L'audit financier de la BRH pour l'exercice 2023 est urgent et sa publication éventuelle d'ici août 2025 serait importante pour démontrer la transparence.
Outre la lutte contre l'insécurité, il est primordial de promouvoir les réformes de gouvernance pour aider Haïti à sortir de la fragilité, à assurer la stabilité macroéconomique et à instaurer la confiance avec le secteur privé ainsi qu’avec les partenaires de développement. Dans ce contexte, la publication par les autorités du Rapport diagnostique sur la gouvernance, accompagnée de son plan d'action, est à saluer. Ce rapport devrait servir de feuille de route pour les réformes visant à améliorer la gouvernance et nécessitera un appui en termes de renforcement des capacités, non seulement de la part du Fonds, mais aussi des partenaires de développement.
Une stratégie gouvernementale visant à renforcer la résilience de l’économie face aux chocs multiples nécessite le soutien financier de la communauté internationale. Cette aide est indispensable pour permettre des dépenses de qualité, à court, moyen et long terme. Sans cela, Haïti continuera de subir une forte compression des importations. L'aide extérieure devrait prendre la forme de dons. Les autorités devraient éviter de contracter des prêts non concessionnels, afin de garantir la cohérence avec les engagements du programme de référence. Les prêts non concessionnels seraient non seulement contraires aux engagements du programme de référence, mais compromettraient également la viabilité de la dette.
Conformément à la Stratégie du FMI pour les États fragiles et touchés par un conflit, les services du FMI continueront également à coordonner étroitement avec les principaux partenaires au développement d’Haïti, notamment en matière de gouvernance et de l’assistance technique.